Escapade littéraire en Camargue, avec des lectures de Folco de Baroncelli, Joseph d’Arbaud, Frédéric Mistral et, pour Max-Philippe Delavouët, à Saint-Gilles : des textes inédits d’Images romanes de Provence ; à Aigues-Mortes : extraits de la Cansoun de la mai auto Tourre (Chanson de la plus haute Tour).
Saint-Gilles
Is escultour rouman qu’an sachu de sa man
dire de Diéu l’image,
la Maire emai l’Enfant,
lou courtège que fan
lou bestiàri e li Mage.
Aux sculpteurs romans
qui ont su de leur main
dire de Dieu l’image,
la Mère et l’Enfant, le cortège que font
les bêtes et les Mages.
Images romanes de Provence (inédit).
Abbatiale de Saint-Gilles, tympan nord, adoration des Mages.
Aigues-Mortes
E iéu, de que siéu mai qu’un vihaire un pau las
que guèiro dins sa gàbi e vèi l’aubo avans éli.
Pèr óublida, moundaut, la niuechado e soun glas,
ruso de prince es de sourrire e d’agué l’iéli.
Au resvèi dis ome dirai
coume èron bèu li moustre au païs de l’esfrai.
Et moi, qui suis-je ? Sinon un veilleur un peu las
qui guette dans sa hune et voit l’aube avant eux.
Pour oublier là-haut la nuit et sa froidure,
ruse de prince est de sourire et d’avoir bon courage.
Au réveil des hommes je dirai
combien étaient beaux les monstres au pays de l’effroi.
Cansoun de la mai auto Tourre — Chanson de la plus haute Tour, Pouèmo I, p. 168.
Aigues-Mortes, tour de Constance et rempart.