Centre Mas-Felipe Delavouët, inauguration le 6 juin.
« Calèndo », sur le thème de Noël, Avignon, Palais du Roure.
Reprise à Grans en 2015, inauguration le 4 décembre.
Escapade littéraire à Marseille pour le 25ème anniversaire de la disparition du poète : îles du Frioul, Vieux Port vu du Pharo, tour de la Corniche, la Vieille-Chapelle, promenade vers les Goudes et arrêt face à l’île Maïre.
Lectures :
Que la mar vèngue emai revengue, que lou tèms,
un cop la niue, un cop lou jour, bate la terro
e, tambèn, ersejant au cèu que lou countèn,
dis aigo retipant la testardo coulèro,
à grand bacèu d’oumbro e de lus,
l’ome, sablo tambèn, lou gausigue à noun plus…
Que la mer vienne et revienne, que le temps
une fois la nuit, une fois le jour, batte la terre
et, faisant ses vagues au ciel qui le contient,
reflétant la colère têtue des eaux,
à grands coups d’ombre et de lumière,
use indéfiniment l’homme, sable lui aussi.
Pouèmo pèr Evo — Poème pour Eve, Pouèmo I, p. 38.
Mar di milo camin, mar duberto en ventau,
quand la duerbe dóu nas, quand s’avasto e regisclo,
que gardara d’aquel espousc moun cor mortau ?
Balin-balan, d’aqui-d’eila, turtant lis isclo,
m’en vau toujour bouscan lou friéu
vers l’unique camin di terro que voudriéu.
Mer aux mille chemins, mer ouverte en éventail,
quand je la fends de mon étrave, quand elle s’épand et jaillit,
que gardera de cette éclaboussure mon cœur mortel ?
De-ci, de-là me balançant, heurtant les îles,
je vais toujours cherchant le passage
vers l’unique chemin des terres désirées.
Ço que Tristan se disié sus la mar — Ce que Tristan se disait sur la mer, Pouèmo I, p. 210.
Lou vènt de moun desir pòu veni ventoulet
que, buta pèr lou vanc d’uno aussado tranquilo,
pode ameina la velo e passa lou goulet :
aro, au darnié pourtau, m’avance vers ma vilo
e trouve enfin lou port preclar
souto l’arco de cèu que joun dous castelar.
Le vent de mon désir peut devenir vent plus doux
puisque, poussé par l’élan d’une houle tranquille,
je puis amener la voile et passer le goulet :
maintenant, au dernier portail, je m’avance vers ma ville
et trouve enfin le port lumineux
sous l’arche de ciel qui relie deux châteaux forts.
Ouresoun de l’Ome de vèire — Oraison de l’Homme de verre, Pouèmo IV, p. 118.
Calanco entredurbido entre vòsti testau,
d’un clot d’eigueto molo à l’aucèu farés douno.
Quete recatadou capitarai antau ?
Troubarai-ti lou port ounte l’erso abandouno
sa coulèro sus lis estèu
un cop que pòu plus mordre e l’ome e lou batèu ?
Calanques entrouvertes entre vos promontoires,
vous donnerez à l’oiseau un havre d’eau aisible.
Quel refuge trouverai-je, moi aussi ?
Trouverai-je le port où la vague abandonne
sa colère sur les récifs
lorsqu’elle ne peut plus mordre et l’homme et le bateau ?
Ço que Tristan se disié sus la mar — Ce que Tristan se disait sur la mer, Pouèmo I, p. 180.
Escapade littéraire via la Camargue vers Aigues-Mortes, lieu de la Cansoun de la mai auto Tourre, après avoir franchi le Rhône sur le bac, longé l’étang du Vaccarès (lectures de Joseph d’Arbaud), fait une halte à l’église des Saintes-Maries-de-la-Mer (lectures de Frédéric Mistral).
Vilo di vendemiaire en raro di palun
te noume d’un vièi noum tout bagna d’aigo morto.
Ville des vendangeurs sur le bord des marais
je te nomme d’un vieux nom tout mouillé d’eaux mortes.
Cansoun de la mai auto Tourre — Chanson de la plus haute Tour, Pouèmo I, p. 168.
Vue d’Aigues-Mortes prise du nord : église paroissiale Notre-Dame-des-Sablons, rempart sud-ouest, étang de la ville, mer.
Cliché Baptiste Rossi, https://commons.wikimedia.org/wiki/File%3AToits_d’Aigues-Mortes.jpg
Ansin parlo lou prince à la tourre acouida…
Ainsi parle le prince à la tour accoudé…
Cansoun de la mai auto Tourre — Chanson de la plus haute Tour, Pouèmo I, p. 134, 142, 156, 166.
Dóu founs dis ouro morto ausisse soun quilet
Qu’à la mai auto tourre e me sono e m’atrivo.
Quand l’arquié vèi la luno au dessus di merlet…
Du fonds des heures mortes, j’entends son cri aigu
qui m’appelle et me pousse à la plus haute tour.
Quand l’archer voit la lune au-dessus des créneaux…
Cansoun de la mai auto Tourre — Chanson de la plus haute Tour, Pouèmo I, p. 132.
Tau lou pilot sousprés sout sa velo inmoubilo,
que s’areno, sènt plus soun carenau nada
e que, soul sus la pro douminant touto uno ilo,
dèu dire tourre à soun batèu,
tau lou prince se tanco au cimèu dóu castèu.
Tel le pilote, surpris sous sa voile immobile,
qui s’ensable, ne sent plus nager sa carène,
et, seul sur la proue dominant toute une île,
doit appeler « tour » son bateau,
tel le prince s’immobilise au sommet du château.
Cansoun de la mai auto Tourre — Chanson de la plus haute Tour, Pouèmo I, p. 166.
Pastiero pleno à bord, vers la vilo, li càrri
soun revengu pèr li camin de caladat
e touto la vendèmi es jouncho dins li bàrri…
Sous leurs corbeilles débordantes, vers la ville, les chars
sont revenus par les chemins de pierres
et toute la vendange est resserrée dans les remparts…
Cansoun de la mai auto Tourre — Chanson de la plus haute Tour, Pouèmo I, p. 134.
Cliché Martine Mantoan
Escapade sur le Rhône d’Avignon à Arles, dans le sillage du poème de Histoire du Roi mort qui descendait le fleuve, accompagnée de lectures tout au long du trajet.
O flume, lié reiau de touto reiauta !
recampes tout soulèu i reco de la terro
que touto aigo vers tu adus touto clarta !
Fau qu’atrives tambèn lou rei mort e la sero
pèr li counfoundre ensèmble au clot
di ribo abouscassido ount cascaioun ti flot.
Ô fleuve, lit royal de toute royauté,
tu recueilles tout soleil aux ravins de la terre
puisque toute eau vers toi apporte toute clarté !
Il faut que tu attires pareillement le roi mort et le soir
pour les confondre ensemble au creux
des rives boisées où clapotent tes flots.
Istòri dóu Rei mort qu’anavo à la desciso — Histoire du Roi mort qui descendait le fleuve, Pouèmo II, p. 122.
Davales, tranquilas… Passes, o rèi, davans
de baselico en flour ount plouron de béulòli ;
e creson, li creserèu, que i’a de trevan
pèr ploura quauque rèi d’uno autro metroupòli
que vèn, esprès, de vira l’iue
pèr navega davans sa vilo à miejo-niue.
Tu descends, fort paisible… Tu passes, ô roi, devant
des basiliques en fleurs, où pleurent des chats-huants ;
et croient, les crédules, qu’il est des esprits
pour pleurer quelque roi d’une autre métropole
qui vient d’expirer tout exprès
pour naviguer devant leur ville à la minuit.
Passes, o rèi, davans de tourre e de dounjoun
ount d’astroulò passon sa man dedins sa barbo
sèns coumprene jamai quete liame rejoun
lis astre pèr sa coueto e n’en sarra la garbo
sèns que ié toumbe sus lou su
e quau pòu la teni d’un poung tant calossu…
Tu passes, ô roi, devant des tours et des donjons
où des astrologues passent leur main dans leur barbe
sans comprendre jamais quel lien réunit
les astres par la tige pour en serrer la gerbe
sans qu’elle leur tombe sur la tête
et qui peut bien la tenir d’un poing si musculeux…
Istòri dóu Rei mort qu’anavo à la desciso — Histoire du Roi mort qui descendait le fleuve, Pouèmo II, p. 126.
Cliché Anne Congès
Fin qu’au soulèu canto soun oumbro is Aliscamp,
e noun tapon li vènt ni lis aigo clarino
la memòri d’un rèi qu’eterniso soun cant.
Ansin dessus li mar volo l’aiglo marino
que seguis li vènt alisa
sèns trouba l’autro ribo ount poudrié se pausa.
Jusqu’au soleil chante son ombre aux Alyscamps,
et ni les vents ni les eaux à voix claire ne recouvrrent
la mémoire d’un roi que son chant éternise.
Ainsi, sur les mers, vole l’aigle marin
qui suit les vents alizés
sans trouver l’autre rive où il pourrait se poser.
Istòri dóu Rei mort qu’anavo à la desciso — Histoire du Roi mort qui descendait le fleuve, Pouèmo II, p. 134.
Médiathèque de Miramas, 23 janvier — 23 février 2013.
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